L’huile essentielle de tea tree est-elle en danger?

L’Huile essentielle de tea tree est-elle en danger ?

Vous êtes professionnel de la cosmétique, vous utilisez le tea tree dans vos formules, prenez bien en compte ces nouvelles informations qui vous amèneront peut-être à revoir vos formules, vos DIP, votre évaluation de la sécurité.

Dans le cadre de l’évaluation des substances par les institutions européennes l’huile essentielle de tea tree a été menacée d’être classifiée en CMR 1b, donc reprotoxique (toxique pour la reproduction) (classification dans le cadre du règlement CLP). Cette classification se ferait sur la base d’une molécule (sur plus de 100 dans la tea tree), le paracymène présent autour de 8% dans cette huile essentielle (molécule pour laquelle la Suède a d’ailleurs proposé la même classification).

La complexité dans le cas d’une huile essentielle est qu’une molécule (sur les 50 à 300 molécules qui peuvent composer l’huile essentielle) peut présenter un danger potentiel. Ce qui est différent du risque.

En effet en toxicologie, en évaluation de la sécurité des cosmétiques on différencie le danger qui est potentiel (l’eau de boisson présente un danger) et le risque qui est celui qu’on envisage dans le cadre d’une utilisation, d’une exposition à cette substance (le risque avec l’eau de boisson apparait si on boit beaucoup trop).

Le risque pour l’huile essentielle est donc dépendant de sa composition, de son état (oxydation), de la quantité, du rythme, de la durée utilisées, du type de produit cosmétique dans lequel elle est utilisée, etc.

Mais à l’échelle de la molécule cela dépend aussi des autres molécules présentes, de la voie d’exposition (peau, etc.), de sa métabolisation par le corps (dégradation, élimination par la peau, le rein…).

Les travaux du professeur Rat, ont, à ce propos, permis un éclairage très précis sur le potentiel perturbateur endocrinien des huiles essentielles comme la lavande. Ces travaux montrent la différence pour une molécule comme le linalol, entre une version synthétique ou naturelle, entre la molécule isolée ou dans le totum de l’huile essentielle et démontrent la différence entre danger potentiel et risque qui pour l’huile essentielle de lavande a battu en brèche son supposé effet perturbateur endocrinien.

Malheureusement l’orientation des instances européennes sur le sujet des huiles essentielles n’est globalement pas positive puisqu’on a tendance à considérer le danger, non pas le risque et que, par ailleurs on considère l’huile essentielle sur la base de chaque molécule séparément non pas sur le totum.

Un autre problème réside dans le fait que les données demandées par les institutions comme preuve sont très longues à obtenir et couteuses.

Sur ce sujet des associations d’industriel essayent de se regrouper pour partager des moyens et organiser la défense des huiles essentielles comme le consortium des huiles essentielles.

Ils ont réussi à reporter certaines décisions notamment sur la base des travaux de l’équipe du professeur Rat.

En revanche les preuves apportées pour démontrer que les études menées sur les animaux ne sont pas aussi simplement transposables sur l’humain ont été écartées

A ce jour voilà où nous en sommes par rapport à l’utilisation du tea tree en cosmétique :

  • La proposition de classification comme reprotoxique (CMR 1b) a été abandonnée par le HSE du Royaume uni (Health an Safety Executive) sur la base de nouvelles données toxicologiques.

  • Une opinion a été émise par le SCCS (comité scientifique sur la sécurité du consommateur à l’échelle de la communauté européenne). La conclusion concernant l’utilisation du tea tree en cosmétique est la suivante : Le SCCS considère l’utilisation de l’huile essentielle de tea tree comme sûre (safe) lorsqu’elle est employée comme anti-séborrhéique ou anti-microbien à :
    • 2% maximum dans les shampoings1% maximum dans les gels douches1% dans les produits nettoyant du visage (avec rinçage)0.1% dans les crèmes visage (sous-entendu produit de soin visage)Le tea tree ne doit être employé que pour des formules chez l’adulte
    • Le tea tree ne doit pas être utilisé en spray ou aérosol

Le SCCS précise également que, la composition du tea tree doit répondre à la norme ISO 4730:2017 et être stable dans la formule (ne pas s’oxyder par exemple).

Cette opinion du SCCS éditée le 14 novembre 2025 s’oppose à la notion de classification CMR, puisqu’un ingrédient classé CMR ne peut pas être employée en cosmétique.

Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui.

Si vous êtes fabricant de cosmétique et que l’huile essentielle de tea tree est présente dans vos formules vous devez donc désormais respecter l’opinion du SCCS, même si pour le moment ces informations ne sont pas transcrites dans le règlement européen des cosmétiques (CE 1223 2009).

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